Le village de Mordreuc s'est développé à l'extrémité d'une anse, relativement plate. La construction d'une cale au 19e siècle est motivée par les besoins du commerce de bois de construction, de chauffage et de produits agricoles qui nécessitent de pouvoir embarquer et débarquer rapidement, quelques soit la hauteur de la marée.
Perpendiculaire au rivage, cette cale peut être aussi qualifiée de jetée. Les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées qui l'ont conçue parlent aussi d'épi en raison de l'ensablement que cette disposition est susceptible de provoquer dans la baie, en contraignant les courants marins.
La configuration de cette baie dominée par les herbus et de petits étiers qui se découvrent à marée basse, a donné naissance aux nombreuses souilles creusées pour l'échouage des gabares. Ces embarcations à fond plat, qui ont servi au transport des marchandises en vallée de Rance pendant des siècles, étaient dépendantes des horaires de marées.
Le 1er novembre 1862, les propriétaires cultivateurs et marchands de la commune de Pleudihen-sur-Rance écrivent au préfet pour lui demander d'intercéder auprès du Gouvernement afin d'obtenir un port plus près de leur bourg. En avril 1875, le préfet demande aux ingénieurs des Ponts-et-Chaussées des Côtes-du-Nord de dresser un projet. Pour en réduire le coût, estimé à 60.000 francs, il leur est demandé de supprimer le terre-plein prévu à l'origine de la cale, de faire l'impasse sur les tablettes de couronnement et de construire les murs de soutènement en pierres sèches. Ce projet est définitivement adopté le 29 mai 1876 par décision du ministre des Travaux publics. La construction est confiée, par adjudication, à Bertrand Stourm, qui s'engage à la réaliser pour un montant de 35.500,39 francs.
Le procès-verbal de réception provisoire des travaux est dressé le 30 avril 1878. Entre 1892 et 1893, le rocher de la moulière est aplani, au droit du musoir - terme qui désigne l'extrémité de la cale - pour faciliter l'accostage.
Des projets d'extraction du rocher du Bouvet, à l'entrée de la baie de Mordreuc, et le prolongement de la cale sur trente mètres ont été mis à l'étude en 1893 et 1932.
Un réaménagement du haut de la cale, non daté, a cependant été effectué depuis. Les deux rampes d'accès à la grève, de cinquante mètres de long et dix mètres de large, qui partaient de chaque côté du palier supérieur, et perpendiculairement à celui-ci, ont disparu. La cale a été surélevée sur son premier tiers, créant ainsi un cassis, sorte de dos-d'âne, comme en attestent les murs de soutènement où se perçoivent les reprises de maçonnerie.
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