Le moulin à eau de Pont de Cieux se situe sur la rive droite de la Rance. Son étang en partie remblayé est alimenté par le ruisseau de Coëtquen. Son fonctionnement autrefois mixte constitue une particularité. Un contrat de vente de 1803 précise que le bâtiment abrite, a cette date, sous le même toit deux moulins, l'un à eau douce, l'autre à eau de mer. Construit dans le fond d'une anse, il fonctionnait avec la mer lors des moyennes et grandes marées. Le ruisseau de Coëtquen dont le débit était suffisant permettait de moudre en période de mortes-eaux.
La chaussée fut aménagée progressivement en route départementale Rennes-Saint-Malo.
En 1909, devenu propriétaire du moulin, le meunier décida de le moderniser afin d'augmenter sa puissance de travail ; d'abord avec un moteur à gaz pauvre puis à l'électricité à partir de 1929 quand la commune fut électrifiée. Ensuite la roue a aubes fut remplacée par une turbine horizontale augmentant la puissance de la machinerie, puis les meules furent changées par des cylindres en acier. Devenue minoterie, il fonctionnait grâce à trois sources d'énergie.
En 1944, les allemands détruisent à la dynamite l'arche des voûtes de décharges de l'étang. Réparées provisoirement par une murette fixe installée par les Ponts et Chaussés, le moulin put reprendre son activité jusqu’en 1964.
La marée remontait autrefois sur environ trois kilomètres le cours du ruisseau de la Chesnay et de Coetquen. Ruisseau et marée ont creusé une vallée large de 150m ce qui permit d'y former une retenue d'eau destinée à actionner le moulin construit sur la rive sud. Celui-ci était actionné par deux roues à aubes.
Une longue digue formant une partie de la D29 délimite le bassin de retenue. Un système de portes automatiques permet l'entrée de la marée, ces portes se refermant d'elles-mêmes à marée descendante. Un vannage, spécialement aménagé pour l'évacuation des crues, et détruit par les bombardements de 1944, est rétabli en 1952. L'écoulement des eaux est par ailleurs assuré par trois vannes d'une hauteur d'1, 20 m au-dessus du seuil du vannage. A cette date, la minoterie à cylindres est dirigée par Mr Goron-Lebret.
Le moulin du Pont de Cieux, édifié en moellons de granite, se compose de deux corps de bâtiment accolés, dont l'écurie. Le corps de bâtiment du moulin proprement dit compte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et deux étages carrés couverts d'un toit à longs pans en ardoises. Sa façade antérieure est rythmée par deux travées de baies rectangulaires encadrées de pierres de taille en granite. Sa façade postérieure, quant à elle, présente de fortes similitudes avec celle du moulin à marée de Falaise, situé à Saint-Hélen (22) ; elle est percée de deux coursiers à arcs en plein cintre surmontés d'une porte à mer. En face de l'usine, de l'autre côté de la chaussée, se situe l'ancien logement du meunier, bâtiment exigu à un étage carré et un étage en surcroît couvert d'un toit à longs pans en ardoises.
Mentionné dès 1557 puis en 1628, le moulin du Pont-des-Cieux appartient à la Révolution au marquis Baude de la Vieuville, comme les autres moulins à marée de la commune, ceux de la Tourniole et de Mordreuc. Mme Talhouet-Bonamour, fille du marquis Baude de la Vieuville le vend en 1803 avec son étang à M. de la Moussaye dont la fille Pauline épouse en 1828 le Comte de Laubespin, demeurant au château de Gouillon en Miniac-Morvan. Cette famille reste propriétaire du moulin jusqu'en 1909 où il fut acquis par le meunier François Lenormand. Ce dernier meurt à la guerre et sa veuve se remarie avec M. Goron qui sera le dernier meunier propriétaire du Pont-de-Cieux.
Le moulin est reconstruit sur des fondations anciennes puis agrandit et modernisé tout au long du 20e siècle. En 1912, le nouveau propriétaire, François Lemarchand, entame une première campagne d'agrandissement au pignon sud du moulin. Cette extension avait été refusée en 1865 à M. de Laubespin car la parcelle servait de dépôt d'engrais marins, la marnière se situant juste derrière le moulin.
En 1936, le moulin du Pont de Cieux cumule l'énergie hydraulique avec une turbine et thermique avec un moteur à gaz pauvre, développant 30 à 35 chevaux. A cette date, le matériel de mouture se compose de quatre broyeurs, deux convertisseurs, une bluterie hexagonale et un plansichter. La capacité d'écrasement journalier est de 70 quintaux.
En 1939, le moulin du Pont de Cieux emploie trois salariés.
Le 14 avril 1956, un arrêté préfectoral réglemente les retenues du ruisseau de Coëtquen.
Le moulin cessera son activité en 1964.
Actuellement, les bâtiments sont désaffectés. Deux coursiers attestent de l'existence passée de deux roues hydrauliques verticales à aubes.
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