Le pont du Guildo figurait parmi les principaux ouvrages d´art du premier réseau ferroviaire des Côtes-du-Nord.
Construit en 1864, il a été consolidé par l'ingénieur Louis-Auguste Harel de la Noë en 1904, mis en service en septembre 1906 et remplacé par un nouveau pont en 1974.
Edifié sur un sol marneux, l'ouvrage s'était progressivement enfoncé de 1864 à 1904.
Les piles en maçonnerie sur pilotis, soumises à une pression trop élevée, s'étaient fendues transversalement et les poutres métalliques s'étaient déformées.
Tout en maintenant la circulation sur le pont, Louis-Auguste Harel de la Noë entreprend en 1904 plusieurs modifications afin d'assurer une répartition harmonieuse des charges sur l'ouvrage.
S'inspirant directement du théorème de Maurice Lévy sur le fonctionnement des ponts suspendus semi-rigides où la poutre métallique rigide du tablier est soutenue par un câble placé au-dessus d'elle, il remplace l'ancien tablier par un tablier métallique et décide de placer l'ancienne poutre sur des petites piles oscillantes pour garantir la libre dilatation de la partie fixe. A cet effet, il remplace les piles d´origine par des piles en béton fondées sur des patins en béton armé. Il dispose également des arcs métalliques trapézoïdaux s'appuyant sur des sommiers en béton armé.
Les trottoirs sont placés en encorbellement et une passerelle métallique tournante est aménagée. Le pont a fait l'objet de nouveaux travaux de consolidation en 1920. Les rapports dressés en août 1919 et juillet 1920 par Eugène Hélary, ingénieur ordinaire du contrôle, indiquent que l´ouvrage se détériore progressivement.
Depuis 1904 des déformations sont effectivement apparues dans l'ossature métallique de l'ouvrage et la culée côté Créhen s´est considérablement fissurée. Le tablier des cinq travées s'est acheminé progressivement vers la travée tournante, venant buter dans l'ossature métallique de celle-ci, rompant par la même occasion la verticalité des piles oscillantes. Des problèmes de corrosion sont également apparus : les parties métalliques des parties oscillantes, les fers des parties bétonnées, mis totalement à nu par les intempéries, ont été rongés par la rouille.
Très critique à l'égard des travaux entrepris en 1904, Eugène Hélary reproche à Louis-Auguste Harel de la Noë de ne pas avoir ancré assez solidement l'ouvrage dans la culée en maçonnerie de la rive droite, empêchant ainsi la libre dilatation du tablier dans la direction du pont tournant. Les travaux ont donc consisté à ramener le tablier des cinq travées solidaires dans sa position initiale pour rendre leur verticalité aux piles oscillantes et à renforcer les maçonneries de la culée d'attache.
Outre ces interventions, il a fallu procéder à la réfection de la peinture, à la remise en état des parties bétonnées, à l´établissement d'un contre-rail sur la file sud de la voie pour éviter la création d'une ornière et au remplacement des plots en bois supportant le rail. Le procès-verbal d'épreuves du 11 avril 1927 confirma par la suite la solidité du pont en autorisant le passage d'une locomotive de type Corpet de vingt-quatre tonnes en charge suivie d'un train de cinq wagons représentant un tonnage de près de soixante-douze tonnes.