D'après la tradition orale, cette demeure a été construite entre 1727 et 1731 par deux architectes de Saint-Servan : Vincent Perré Delacroix et Guillaume Ruffier, pour Jean Hérisson. La famille Hérisson était une famille de Saint-Malo, d'armateurs de bateaux pour la Chine. La toiture du bâtiment semble avoir été refaite et légèrement surélevée au cours de la deuxième moitié du 19e siècle comme l'indiquent, notamment, les cheminées en brique jaune. D'après P.-J. Yvon, la demeure est environnée de vingt hectares de bois. On peut qualifier de malouinière ce bâtiment car il rassemble des éléments caractéristiques de ces demeures : plan rectangulaire, huit travées, chaînes d'angle, encadrement des baies, bandeaux, corniche en pierre de taille de granite, maçonnerie de moellon enduit, lucarnes et oculi à l'aplomb de certaines travées, toit à forte pente, hautes cheminées à épaulements. Sur le cadastre de 1848 est représentée une aile perpendiculaire au nord de la demeure. Elle n'existe plus. Peut-être a-t-elle été détruite lors de la réfection de la toiture de la demeure ? Sur le cadastre de 1809 est figuré un colombier, détruit avant 1848 car il n'est plus représenté sur ce cadastre. Il existait également une chapelle, détruite pendant la Révolution. Dans son ouvrage sur la commune de Saint-Père-Marc-en-Poulet, datant du début du 20e siècle, Théodore Chalmel mentionne cette propriété de la manière suivante : Autour de l'édifice se trouvent les dépendances délabrées, la métairie noble, la basse-cour, les bois, taillis et garennes, le vivier.. Il précise qu'en 1754, il existait une chapelle. Il la décrit ainsi : Cette chapelle domestique avoisinait l'ancien manoir. Elle était dédiée à la Mère de Dieu, invoquée sous le nom de Notre-Dame de la Picaudays. Deux autels y étaient consacrés : l'un à Saint Roch, l'autre à Saint Sébastien..
Selon les registres de Réformation de la noblesse, la terre de la Picaudais est occupée dès le début du XVIe siècle par une famille du Val. Mentionné en 1513, le site est vendu à la famille Lejar, qui fait construire, aux alentours des années 1550, un premier logis dont il subsiste aujourd’hui de rares vestiges, comme la cheminée de la cuisine.
L’édifice actuel fut probablement construit dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, en enveloppant l’ancien logis XVIe. Une chapelle est également construite sur le domaine, dédiée en 1695 à la Vierge Marie, Saint Roch et Saint Sébastien. Cet oratoire privé, privilège de la noblesse, est détruit à la Révolution.
La façade antérieure, dont la travée axiale en ressaut est couronnée d’un toit à l’impériale en ardoise, évoque les hôtels urbains de Saint-Malo du XVIIe siècle, comme l’hôtel Désiles ou encore ceux de la place des Lices à Rennes.
Du XVIIe siècle encore subsiste à l‘intérieur un escalier en charpente, rampe sur rampe avec des balustres tournés en forme de quilles. L’usure de ses marches et les moulures, témoignent de son ancienneté.
Selon la tradition orale, Vincent Perré Delacroix et Guillaume Ruffier, tous les deux de Saint-Servan, réalisent de nouveaux travaux entre 1727 et 1731 pour Jean Hérisson, nouveau propriétaire. Celui-ci, d’origine malouine, était issu d’une famille d’armateurs de bateaux pour la Chine. Il fait réaménager le décor intérieur de sa demeure. Au rez-de-chaussée, le petit salon de l’entrée présente un beau dallage de marbre et des boiseries, dont les angles arrondis et les menuiseries délicates témoignent du raffinement du XVIIIe siècle.
A la fin du XIXe siècle, une nouvelle période de rénovation entraîne une restauration de la toiture, comme en témoignent les épis de faîtage des pavillons d’angle et les nouvelles lucarnes du toit.
Enfin, la récente rénovation a restitué en faux appareil, c’est-à-dire en enduit imitant la pierre, les bandeaux horizontaux de séparation des étages, visibles sur les anciennes photos du logis.
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