Dès la période romaine, il existait un gué sur la Rance, permettant à l'antique voie Corseul - Rennes de franchir la rivière.
Vers le Xème siècle, il sera remplacé par un pont en bois quand les moines s'établissent dans la vallée. Souvent emportés par les crues ou affaissés par les charges des lourds chariots, ces ouvrages en bois doivent être rebâtis ou réparés constamment. Avec l'évolution des techniques et des moyens, le bois sera remplacé par de la pierre. A Léhon, le premier pont en pierre a sans doute été édifié entre le XV et XVI ème siècle.
Il est certain qu'en 1701, le vieux pont de Léhon est qualifié de " ruyneux " dans un rapport envoyé au roi Louis XIV par le sieur de Nointel, conseiller d'Etat et commissaire délégué de la province de Bretagne: " vu au Conseil d'Etat du roy l'avis donné à sa Majesté que le pont de Léhon, près de la ville de Dinan est dans un état ruyneux et qu'il est absolument nécessaire de le rétablir ". Après avoir pris connaissance du rapport et des devis établis par le sieur de Nointel, sa Majesté dans son conseil a ordonné qu'il sera incessamment procédé aux réparations qui sont à faire au dit pont de Léhon. Les dépenses estimées à huit cents livres seront payables par moitié sur les revenus des Domaines de Bretagne, et l'autre moitié sur les revenus d'affermage de la Dame de Coëtquen.
Sous la Révolution, l'Administration Républicaine fait sauter l'arche centrale en novembre 1799 sur ordre du général Tribout pour arrêter l'Armée Catholique et Royale en interdisant l'accès à la ville de Dinan par le passage au pont de Léhon. Une passerelle en bois remplacera l'arche détruit jusqu'au XIX ème siècle.
En 1910, pour parer aux inondations qui se produisent au moment des crues de la Rance (canalisée depuis 1832), monsieur Ollivier, sous ingénieur des Ponts et Chaussées n'envisage rien de mieux que de faire démolir les antiques arches de pierre pour les remplacer par une vulgaire passerelle métallique.
Son rapport envoyé en mairie de Léhon à l'attention des élus signale que :
le pont actuel, reliant Léhon à Lanvallay, de construction très ancienne avec ses grosses piles et ses quatre arches très étroites dont l'une est complètement obstruée, l'eau ne peut circuler librement et qu'il est d'un accès très difficile pour la navigation.
que deux endroits de ce canal situés à une centaine de mètres en amont et en aval du pont sont trop étroits, et avec le pont sont les principales causes que toutes les prairies et jardins, ainsi que l'ancien chemin numéro 12 se trouvent submergés au moment des crues.
Après délibération, le conseil émet un avis favorable à ce que le pont actuel soit remplacé par un pont métallique.
Heureusement, en 1925, le pont est reconstruit avec une seule grande arche centrale en pierre pour faciliter la circulation des chalands sur le canal d'Ille et Rance.
Lors de deuxième guerre mondiale, en août 1944, les allemands font sauter l'arche centrale afin de ralentir le mouvement de libération de la France par les armées américaines.
Un canot pneumatique, attaché par des cordes depuis la petite cale jusqu'au lavoir rive droite permettra une traversée périlleuse de la Rance pendant quelque temps. Puis une passerelle de fortune réunira les deux tronçons du pont détruit en attendant sa reconstruction en 1946.
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